La crise que nous vivons est un choc sanitaire, c’est aussi un choc économique, social, culturel, qui a d’ailleurs complètement et brutalement désorganisé, déréglé nos organisations.
En fait, malgré tous les progrès technologiques, le Covid nous a mis face à notre réalité : l’impermanence du monde, notre absence de maîtrise, l’océan d’incertitudes dans lequel on navigue, nos fragilités.
Le choc économique est déjà et sera violent, sur la durée ; Le choc social est lui aussi particulièrement important, car l’isolement et le confinement nous fait perdre une fonction majeure de l’employeur : celle de générateur du lien social.
Il est certain que la crise sanitaire et ses conséquences pour nos organisations, c’est aussi un révélateur de nos personnalités de dirigeant et de manager, et de notre capacité à nous adapter, à être agile face à l’inconnu.
Faire de la crise une opportunité…
Nous ne pouvons plus aujourd’hui prédire l’avenir de nos organisations. Comme le dit si bien Edgar Morin : « Attends-toi à l’inattendu » !
Alors Oui, nous devons avancer « en zig-zag » comme le soulignait Jean Staune dans la préface du Guide du dirigeant responsable, parce que l’environnement n’évolue pas de façon linéaire mais par surprises, par évènements brutaux et inattendus…
Nous naviguons, dans le changement continu, dans la complexité, dans les paradoxes de notre siècle, Nous n’avions pas prévu l’expérience que nous vivons aujourd’hui !
Et on l’entend beaucoup, il y aura « un avant, et un après » dans nos organisations.
Peut-être savez-vous que qu’en Chine, le mot crise a deux significations : menace, ET opportunité.
Il est certain qu’une crise, même majeure et terrible comme celle que nous vivons, va aussi donner naissance à des mutations, et à des changements.
Il ne tient qu’à nous de rendre ces changements positifs, et pour cela, nul doute que la posture du dirigeant sera clé.
Prendre soin de soi, pour prendre soin des autres
Déjà en temps normal, l’une de mes maximes préférées c’est :
« prendre soin de soi, pour prendre soin des autres ».
Ça me semble encore plus important dans le contexte actuel.
Nous naviguons dans un contexte où la tension est grande, la crise est très éprouvante pour chacun.
Aux inquiétudes pour l’avenir de l’entreprise s’ajoute le fait que la manière de travail, de gérer, de diriger à distance exige plus de « présence », plus d’engagement encore.
La situation est très dure et elle le restera longtemps.
Il nous faut ainsi vraiment prêter attention à soi, pour ne pas perdre ses moyens, pour garder sa capacité à décider, son discernement et sa lucidité.
Savoir cultiver ce qui nous fait du bien. Pour pouvoir aller vers les équipes, avec une certaine sérénité (pour ne pas renforcer leurs inquiétudes),
une humilité (parce qu’on a peu de réponses aujourd’hui pour l’avenir),
une authenticité aussi (parce que c’est en étant soi-même qu’on sera capable de convaincre et d’emmener avec soi).
Etre sincère avec ce que l’on vit, accepter ses faiblesses, y compris face à ses collaborateurs.
Il y a vraiment au cœur de ce que l’on vit, notre capacité à rester à l’écoute des équipes et de chaque collaborateur.
Nous devons désormais prendre en considération des sujets éminemment personnels et intimes qui n’étaient pas du tout avant dans la sphère de l’entreprise, comme l’angoisse face à la mort, face à la finitude… ou la solitude terrible des personnes seules etc. dans la situation d’enfermement que l’on vit.
On découvre des forces et des fragilités très variées en fonction des personnes.
Et cela aussi c’est nouveau. Ce n’étaient pas des sujets de l’entreprise, et ça ne faisait pas partie de la relation entre le dirigeant et ses salariés.
Si le dirigeant lui-même n’est pas au clair en ce qui le concerne, comment pourra-t-il accompagner ses équipes ?
Prendre le temps d’une prise de conscience
Cette période, c’est aussi, ça doit être, l’opportunité d’une certaine prise de conscience me semble-t-il : par exemple, choisir entre revenir au « business as usual », ou contribuer à l’évolution de son entreprise vers plus d’attention à la société, à l’environnement ?
La période en tout cas est propice à se questionner et à décider de vouloir faire mieux après.
La crise sanitaire et le confinement sont vraiment des opportunités de réflexion personnelle, intime, importantes.
De quoi cette période nous fait-elle prendre conscience ? Qu’est-ce qu’elle révèle de nous, de nos engagements et de ce vers quoi nous souhaitons aller ?
Je pense qu’il faut prendre un temps personnel, en tant que manager ou dirigeant, pour réfléchir à ce que cette crise remet en cause, remue en nous, et quel sens on peut donner à notre engagement pour notre entreprise, pour notre organisation.
Prendre le temps de se demander ce qui est finalement vraiment essentiel : pour l’entreprise, pour ses équipes, pour soi.
Il me semble enfin intéressant aussi de prendre ce temps pour penser à ce que la crise m’a appris en termes de responsabilité du dirigeant et ce qu’on souhaite incarner dans son activité, dans son business.
Quelles valeurs et quel engagement on veut porter, comment je peux faire ma part pour un monde meilleur.
Il y a un travail intérieur à mener pour ne pas se laisser tétaniser par nos peurs et par l’enfermement, mais au contraire pour travailler sur sa résilience personnelle, pour porter ensuite la résilience collective de son organisation.
L’exemplarité du dirigeant est en ce sens primordiale. Il faut pouvoir porter une certaine paix intérieure !
Et il est certainement aussi plus important que jamais de s’ouvrir plus encore aux autres : échanger avec ses pairs, contribuer aux réseaux de dirigeants, garder contact et partager –Jouer le viral et le collectif pour être nombreux à reconstruire.
Les crises, l’ébranlement de nos certitudes, et les contraintes sont propices à cette remise en question et à notre réinvention.
Il me semble ainsi que ce défi est une opportunité unique de développement personnel.
Etes-vous prêt à vous y engager ?