Pour comprendre les moteurs qui rendent les jeunes entrepreneurs aussi audacieux, innovants et souvent hors normes, le mieux est encore de les rencontrer et de les écouter. Certains sont exceptionnels et sont portés par des forces assez mystérieuses !
Bastien Valensi ne fait pas exception. A 29 ans, il a déjà de nombreuses années d’expérience derrière lui. Il a déjà réussi, échoué et réussi encore.
Bastien est un parfait représentant de cette nouvelle génération d’entrepreneurs, qui a le virus dans le sang, l’ambition sans limites et de l’énergie à revendre !
J’espère qu’en prenant quelques minutes pour lire cet interview et à découvrir ce parcours exceptionnel, vous passerez un aussi bon moment que moi lorsque je discute avec Bastien !
Bastien, qui es-tu ? Ce que je trouve incroyable chez toi, c’est que j’ai l’impression que tu as toujours eu le virus de l’entrepreneuriat dans le sang, non ?! Quand as-tu attrapé ce virus ?
Il faut savoir que mon père est entrepreneur… Comme j’ai vu mon père faire, je savais que c’était possible, j’avais ça dans le sang. A 6 ans, je vendais déjà des livres à mes voisins, j’ai eu les premières leçons de business de mon père ! Naturellement j’ai ça en moi. En 4e j’ai vendu mes chaussures dans la cour de récré et je suis rentré pieds nus! … A 14 ans je vendais du muguet au marché…
Oui ça a été naturel chez moi très tôt : vouloir être libre de faire ce dont j’ai envie, et créer une aventure qui me permette d’être indépendant. C’est ça qui m’a motivé très jeune. Aujourd’hui j’ai 29 ans et on peut dire que je suis vraiment entrepreneur depuis une bonne dizaine d’années !
Avant Cabaia, j’avais lancé plusieurs concepts, comme en 2006 avec un modèle commercial genre « vente privée », au tout début du développement de l’e-commerce sur internet. J’ai toujours eu comme passion, outre le sport, l’entrepreneuriat : à 18 ans, évidemment, je n’avais pas de sous pour créer ma boite et du coup je suis allé dans le Sentier, j’ai acheté 20 T-shirts et je les ai revendus sur ebay.
Tout s’est vendu rapidement, et du coup je me suis dit : c’est super, je suis dans ma chambre, j’ai 18 ans et c’est fun : je suis allé chercher 50, 100, 200 t-shirts… je me suis fait un réseau… et je suis devenu un gros vendeur d’E-bay, j’ai créé mon propre site, je suis devenu l’un des plus importants destockeurs et je suis monté à 3M d’euros de CA à peu près en 4-5 ans.
C’était une belle première aventure entrepreneuriale, en commençant de rien. En parallèle j’ai fait un DUT en gestion d’entreprise, c’était un peu mon exutoire, mais j’ai vite compris que le meilleur moyen d’apprendre, ce n’était pas l’école mais d’être sur le terrain et de se tromper !
J’ai été serveur, mécano, prof de tennis… J’ai eu 1000 jobs et tout ce que je gagnais, je l’investissais dans ma boite.
Pour moi, entreprendre, ça a toujours été un état d’esprit, car il est très facile d’apprendre, il n’y a pas besoin d’aller à l’école ! Avec internet et les outils, on peut devenir expert international et apprendre n’importe quoi…
Par contre, si tu sais ce que tu veux faire, si tu es capable de rêver grand, là tu avances…
Ce qui me rend heureux, c’est la liberté, et le projet !
Et alors, c’est quoi cette histoire de bonnets ?
En 2012, il y eu un moment compliqué. Pour me différencier des gros, j’ai voulu créer un commerce physique. Je ne connaissais pas les codes, je me suis trompé d’emplacement et en parallèle, mon site web a commencé à moins bien fonctionner. Dans ma boutique, qui ne marchait pas, j’avais une « grosse demande de bonnets ».
Je vendais les bonnets que j’avais en stock mais chaque jour il y avait de nouvelles demandes. Or, à l’époque, aucun fournisseur n’avait le bonnet comme produit phare ! Tout le monde était en rupture, en plein mois de décembre.
C’est comme ça que je me suis aperçu qu’il n’y avait pas de référence dans le bonnet, que tout le monde en fabriquait mais en petite quantité. Cette découverte est arrivée au moment où j’avais envie, après 8 ans de boite comme destockeur sur internet, de « créer ma propre histoire ».
Je tenais l’opportunité : créer un concept autour des bonnets : ça a été « le Bar à bonnets ».
Avec l’apparition des pop up stores, c’était l’idéal : je me suis dit que j’allais pouvoir tester mon produit rapidement sur des cibles très larges et avoir beaucoup de feed-back très rapidement.
J’ai eu la chance de pouvoir démarrer au centre commercial Velizy 2. Si tu m’avais vu, j’étais tout seul sur mon stand : vendeur, logisticien, gestionnaire, je faisais tout ! Et là j’ai eu des retours astronomiques : on vend 5 000 bonnets en 4 mois, alors que la marque n’était pas connue ! Au bout d’un mois je passe sur BFM TV, sur TF1, je suis interviewé, les clients me demandent des autographes ! Le truc fou…
J’étais complètement dépassé par le succès ! un produit qui plait, avec une cible familiale, c’est ce que je cherchais ! Je voulais créer un univers convivial et familial qui dure. Pas faire un truc tendance mais un produit mass market, qui puisse être pérenne. Le modèle de distribution était un peu comme les tongs Havanas qui ne vendent que de la tong à 25€ !
Je me suis dit, on y va : j’ai revendu mon site web, j’ai vendu la boutique et j’ai tout réinvesti dans CABAIA, le bar à bonnets.
Je suis ensuite devenu lauréat de Réseau Entreprendre, puis j’ai réussi à entrer dans une banque (ça a été très dur et j’ai même hésité à changer de pays, tant j’ai été choqué par les remarques des banquiers !)… Un banquier m’a enfin fait confiance, deux copains ont mis au pot 5% du capital en investisseurs dormants.
On a ouvert 6 pop up partout et jusqu’à Marseille ! Marseille, l’endroit idéal pour des bonnets !
La société a été créée en septembre 2015.
Le printemps nous a remarqué à Vélizy et nous a proposé d’ouvrir un corner, on a fait 500K€ de CA en 4 mois sur la saison et on a pu entrer au bureau d’achat du Printemps !
En mars 2016, les banques suivent, on est sollicité de partout : Tous les Printemps de France, les Galeries Lafayette aussi, le BHV Marais, le groupe Lagardère dans les aéroports, la Tour Eiffel avec un pop up au 1er étage, un partenariat avec l’Olympic Lyonnais, le Racing 92… on ouvre des pop up en Allemagne, en Suède, en UK.
On recrute 35 vendeurs à plein temps et on se développe.
Et ça a continué en 2017, en ajoutant les chaussettes et les tongs !
Est-ce que tu trouves qu’il est facile d’entreprendre ?! Est-ce que les nouvelles technologies ont changé la façon d’entreprendre ?
Oui, tout a changé grâce aux nouvelles technologies : Avant les freins étaient plus forts… il était compliqué de monter une boite, les freins étaient nombreux, les capitaux pour démarrer étaient plus importants, les procédures étaient complexes, Il fallait des avocats.
Aujourd’hui, en 10 mn sur internet tu deviens entrepreneur. Tout a été simplifié et c’est très bien. Les technologies font aussi que le business peut se développer plus vite : surtout nos échanges avec le monde !
Il est très facile de développer son business à l’international : j’ai lancé mes bonnets en Suède, en Allemagne, en UK, ça explose dans le monde entier grâce à internet. Il n’y a plus de frontières, c’est canon !
La vision du monde a complètement changé ! Rien n’est impossible !
Même s’il y a beaucoup de travers sur facebook, et trop de gens sur leurs téléphones… Grâce à tout ces outils, tout le monde peut faire plus !
Un mec qui nait dans un quartier défavorisé peut se débrouiller pour réussir, s’il est motivé.
Il est vrai aussi que l’image de l’entreprise commence à évoluer ! On se fait moins tirer dessus, et les gens ont compris qu’un dirigeant de start up et le PDG de Total ne faisaient pas le même métier.
Est-ce que tu penses que les jeunes sont différents aujourd’hui ?
La nouvelle génération a la possibilité de changer le monde.
Ainsi, par exemple, les grands groupes viennent nous demander conseil, ils ont besoin de nous, alors qu’on est tout petit ! C’est très nouveau, et c’est bien.
Les grandes entreprises n’ont pas la capacité à tourner à 180 degrés rapidement, elles ont monté des structures verticales avec un management très lourd, et des process de décision longs. Avec le monde qui change nous sommes plus flexibles, plus légers, et nous pouvons changer les business à 360 degrés en deux jours.
Ce qui change, c’est que nos modèles sont Uber, Facebook, Twitter : des réussites incroyables en démarrant de rien, des rêves sans limite !
Rien n’est impossible ! J’ai toujours détesté les limites. Et il n’y en a plus !
Je pense qu’on change parce que le monde change et que nos façons de travailler changent aussi. Nos modèles de patrons sont différents. Avant nos modèles étaient les dirigeants d’entreprises comme Renault ou LVMH. Maintenant, nos modèles sont des mecs de 30 ans qui révolutionnent le monde, comme Elon Musk.
Comment tu fais pour manager tes troupes ? C’est quoi le management du 21e siècle pour toi ?
Je n’ai jamais appris à manager, j’ai appris sur le tas, au fur et à mesure des recrutements. J’essaie de faire en sorte qu’ils s’amusent autant que moi ! Je me dis que si le collaborateur s’éclate, il sera à l’heure, il sera heureux de contribuer.
Si j’embauche quelqu’un, Je lui fais confiance et donc je ne suis pas derrière tout le monde.
Je responsabilise beaucoup mes salariés : ils gèrent leur tâche comme ils le souhaitent et j’essaie surtout de leur transmettre cette passion de travailler, ou tout au moins le fait qu’ils viennent le matin avec le sourire et contents de bosser pour un projet.
C’est vrai que le management change avec les jeunes entrepreneurs. Avant, le chef d’entreprise c’était costume cravate obligatoire ! c’est fini maintenant… La tenue officielle est plutôt : Jean/baskets/sweats
Quelles sont tes plus grandes fiertés ?
Je suis fier de faire ce que j’ai envie : j’ai fait plein d’erreurs mais je ne regrette rien pour le moment !
Je suis fier d’avoir 40 salariés, de créer des projets et des emplois. Je sais que j’ai encore un énorme potentiel devant moi, je vis beaucoup dans le futur.
Je suis fier aussi d’avoir su rater, et me relever : je me suis crashé à 25 ans et cet échec a été un moteur incroyable, ça m’a donné une certaine rage ! Je me souviens de ce banquier qui n’avait pas voulu me suivre pour Cabaïa, en me disant : « qui a bu boira » : vous avez échoué, vous ne pourrez pas réussir demain…
Pour moi, cet échec c’est ma plus grande force !!! je sais ce que c’est, à 28 ans, d’avoir déjà connu l’échec.
Finalement, c’est quoi un entrepreneur ?
Tout le monde ne peut pas devenir entrepreneur. Il faut avoir un tempérament spécifique quand même. il faut lancer, créer… Et après il faut que le projet fonctionne !! il faut que l’entreprise perdure et là c’est plus compliqué.
Tout le monde se dit pourquoi pas moi, mais ils ne se rendent pas compte du boulot de dingue, des énormes sacrifices qu’il y a derrière, de l’investissement temps et argent…
On dit aujourd’hui que c’est hyper cool d’avoir une start up mais c’est quand même très dur ! C’est pour ça qu’il faut se faire accompagner, ça a une valeur incroyable !
Pour moi, entreprendre c’est un engagement : tu représentes ta boite, tu es responsable. Tu fais vivre tes salariés, tu montres l’exemple.
Un entrepreneur, c’est un CHAMPION. Ce n’est pas quelqu’un qui ne tombe jamais, c’est quelqu’un qui tombe, et qui se relève, c’est ça un entrepreneur !
Merci Bastien. Merci de ce partage, merci de ton énergie, de ton ambition, de ton audace.
Tous au bar à bonnets pour choisir son pompon 2018 !
Quelques chiffres sur la croissance de CABAÏA depuis sa création :
Année 1 : 500K de CA en 4 mois sur le bar à bonnets : 6 pop up
Année 2 : 1,1M de CA en 4 mois sur le bar à bonnets : 12 pop up
Année 3 : développement de 2 nouveaux concepts « la guinguette à chaussettes », et « la plage à tongs ». Prévision : 2,2M de CA avec 20 pop up.
Chères Lectrices, Chers Lecteurs, avez-vous ressenti l’énergie de Bastien ? Vous-même, êtes-vous atteint/e, et porté/e par ce virus exceptionnel de l’Entrepreneuriat ? Partagez vos belles histoires sur Ambitieuse pour l’Entreprise en commentant cet article !