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Moteurs de l’esprit d’entreprendre

Pourquoi prendre « le risque » de l’entrepreneuriat ?

Valorisation des entrepreneurs dans les médias, explosion de la culture entrepreneuriale, sensibilisation à l’entrepreneuriat auprès de tous les publics, créativité croissance et dynamique exceptionnelle des incubateurs et autres acteurs de l’écosystème entrepreneurial…  L’entrepreneuriat est devenu « tendance » en France  et clairement considéré comme levier majeur de développement économique.

Je me suis demandée ce qui pouvait favoriser le passage à l’acte d’entreprendre ? Comment, face à cette pression croissante, les « apprentis entrepreneurs » décidaient de passer du rêve à la réalité, de l’idée à l’action ?

J’ai mené l’enquête auprès de nombreux dirigeants ayant créé ou repris une entreprise et découvert qu’il était question autant de valeurs que d’affirmation de soi, autant de symboliques collectives que de moteurs personnels, et ce pour toutes les générations d’entrepreneurs.

Voici le résultat de mon enquête… les moteurs de l’esprit d’entreprendre !

Etre maître du jeu et rester libre

Le premier levier pour passer à l’acte, c’est bien la volonté d’être maître du jeu, de se prendre en main et de rester « libre », même si la notion de liberté est reconnue comme limitée par les contraintes liées à la gestion de l’entreprise.

Etre libre est vécu et décrit comme la possibilité de faire ses propres choix, d’être seul(e) face à ses décisions et de « travailler pour soi » en allant au bout de ces idées, de réaliser un projet personnel de A à Z.

Cette liberté souhaitée et assumée permet de créer de la valeur et de valoriser la créativité, mais aussi de ne pas subir, de donner un sens à ce que l’on fait au quotidien.

Même si le marché guide bien sûr l’entrepreneur, le choix de la stratégie adoptée relève de sa liberté personnelle de dirigeant et cette liberté, à la fois épanouissante et source d’angoisse, lui ouvre les portes de la créativité.

C’est construire, apprendre et sortir des situations établies. Entreprendre, c’est aussi sortir de sa zone de confort pour pouvoir s’engager dans un projet dont la réussite n’est pas assurée.

Au cœur de l’aventure entrepreneuriale se trouve la liberté de faire ses propres choix, de prendre ses décisions et d’aller au bout de ses projets.  Comme le confirme un dirigeant de belle PME : « on choisit sa prison » !

Les plus jeunes entrepreneurs portent ce besoin fort d’autonomie et de liberté comme un étendard justifiant leur aventure entrepreneuriale, pendant que les entrepreneurs confirmés modulent la notion de liberté en rappelant qu’il est plus difficile de quitter son entreprise en tant que dirigeant qu’en tant que salarié, et que les responsabilités du dirigeant sont elles-mêmes porteuses de contraintes et de restrictions.

« Je veux être le pédalier et pas seulement un maillon ».

 « Je peux décider des choses que je fais ou que je ne fais pas ».

« C’est la liberté dans l’action, on crée son propre monde »…

Chez les jeunes, être libre est aussi être maître de son temps et de son agenda.

C’est, enfin, être en mode « action-réaction », ne pas avoir de chef, mettre en place ses idées dès qu’elles émergent.

La liberté passe avant tout, avant l’argent et la reconnaissance !

Le désir de rester maître de son destin est dans tous les cas le premier motif de création de l’entreprise chez les jeunes de la génération Y, si on en croit l’étude SAGE 2016 (Walk with me).

Liberté et créativité semblent donc bien les maîtres mots de l’entrepreneur qui ose !

Etre bâtisseur et dans l’action

Le deuxième levier majeur est celui de l’action : 

Les entrepreneurs sont avant tout des bâtisseurs, des hommes et des femmes qui privilégient l’action et veulent construire.

C’est la capacité à agir, et le sentiment de pouvoir agir qui sont considérés comme des atouts majeurs : c’est par ce biais que la liberté retrouve ses lettres de noblesse.

Partir d’une simple idée et construire son projet, le voir progresser et se concrétiser…

L’énergie créative de l’entrepreneur lui permet de rester dans l’action et de concrétiser les projets.

Ainsi, être acteur et pouvoir s’inscrire dans la durée en construisant un projet vient en résonnance avec une forte envie de « ne pas se satisfaire du status quo » et de « sortir des  situations établies ».

Etre dans l’action est plus naturel encore pour les plus jeunes : élevés avec le numérique, internet et les réseaux sociaux, ils sont producteurs et animateurs de contenu, ils circulent dans un monde ouvert où ils donnent leur avis et agissent non stop !

Je suis convaincue aussi que l’évolution de l’éducation a ouvert la porte à cette ouverture chez les jeunes. La liberté de parole est plus grande (rappelez-vous, lecteurs de ma génération, comme vous étiez silencieux à table avec vos parents… là où aujourd’hui le débat, la discussion, la confrontation d’idées sont la règle) !

Nos jeunes ont appris à exprimer leurs opinions, à prendre la parole, à s’ouvrir au monde et cette ouverture les pousse à vouloir être avant tout « acteurs de leur vie ». Une éducation plus ouverte, dès la petite enfance et moins de censure, facilitent les échanges et la prise de responsabilité, l’ambition.

Car ce qui porte l’action, c’est bien l’ambition de chacun ! Pas une ambition connotée négativement, comme c’est encore trop souvent le cas, mais une ambition qui porte, qui entraîne et pousse à l’audace !

Action et ambition portent ainsi l’acte d’entreprendre.

Entreprendre, c’est s’engager

Le troisième levier majeur, c’est l’intime conviction des entrepreneurs d’être avant tout des engagés.

Il ne suffit pas d’agir, mais il faut donner du sens à l’action et à l’implication professionnelle exceptionnelle qu’exige un projet entrepreneurial.
Ainsi, les entrepreneurs veulent aussi entreprendre pour exister, jouer un rôle et occuper une place dans la société.

Ils sont convaincus que toutes les actions sont utiles et leur confiance en eux les pousse à la confiance en l’avenir, et surtout en la possibilité de le changer !

L’engagement personnel est ainsi un moteur pour de nombreux entrepreneurs, sachant que cet engagement prend des formes variées en fonction des profils :

Les plus jeunes sont convaincus de l’importance de l’engagement social de l’entrepreneur.

Les entrepreneurs plus matures en sont moins persuadés et considèrent souvent que cet engagement ne doit pas être l’apanage des entrepreneurs, mais celui de chaque citoyen.

Les entrepreneurs de l’innovation et les jeunes start uppers affirment avec force et conviction leur volonté de changer le monde… Ils souhaitent laisser une empreinte dans l’esprit collectif, concrétiser quelque chose que personne n’avait osé avant eux.

Les entrepreneurs sociaux, toujours plus nombreux, mettent le changement sociétal au cœur de leur motivation et de leur projet, et reconnaissent ainsi clairement leur engagement éthique et social pour assurer la transition vers une société plus durable et plus équitable.

Toutes les générations d’entrepreneurs se retrouvent dans un engagement citoyen fort :

Celui qui crée se met en situation d’exposition et porte également une responsabilité de témoignage, de prise de parole citoyenne et de moteur de la dynamique collective de son territoire.

Le changement ne peut venir aujourd’hui que de la société civile, tous en sont convaincus, ce qui octroie à l’action des entrepreneurs plus de valeur concrète et immédiate que celle des politiques.

Oui, l’entrepreneur porte la création de richesses, la création d’emplois et une responsabilité citoyenne forte. Le monde peut et doit être amélioré. « Je me sens le devoir de créer et préserver des emplois », « j’ai 6 à 10 familles qui dépendent de ma capacité à tenir la barque » !

L’esprit est avant tout pragmatique, et prend appui sur des actions concrètes et quotidiennes plutôt que sur des coups d’éclat pour faire bouger les lignes. Il est question ici d’engagement auprès des salariés de l’entreprise, au sein de la communauté locale, auprès de jeunes en difficultés, ou par le biais de mandats patronaux par exemple.

L’engagement va de pair avec la responsabilité. L’entrepreneur devient le représentant de l’entreprise, de son image, et doit ainsi montrer l’exemple.

La responsabilité est souvent très forte. Pour ne citer qu’un seul exemple, le développement des services numériques. Il peut s’agir d’une démarche de « création destructrice », puisque l’entrepreneur va créer de la valeur qui risque de détruire des activités existantes. Ces changements sociétaux doivent être portés avec éthique et morale. L’entrepreneur ressent ainsi fortement son poids dans la vie de la cité.

Entreprendre, c’est mettre du Sens et trouver sa voie…

Les entrepreneurs insistent sur l’importance à « se sentir à sa place » et à « se faire confiance ».

Ainsi l’alignement du projet professionnel sur les valeurs personnelles est nécessaire pour impulser l’envie d’entreprendre.

La recherche de sens est forte, et renforcée encore chez les jeunes entrepreneurs : il n’est pas question de subir sa vie professionnelle, mais de mettre du sens dans ce qu’on fait chaque jour.

L’essentiel n’est pas, par exemple, de gagner de l’argent : l’argent est la conséquence des efforts mais pas le moteur. C’est le sens et le sentiment d’utilité qui porte.

« On n’est pas entrepreneur pour vivre ou pour l’argent. On veut résoudre une problématique de la société qu’on a identifié. On est là pour changer la société ! ».

Les jeunes diplômés développent de plus en plus une posture tout à fait inédite : Terminée l’époque où le CDI était le graal du début de carrière, finie la recherche de la sécurité de l’emploi… Certains refusent les CDI pour privilégier des missions moins rémunératrices mais porteuses de sens et de plaisir.

L’un des critères de choix d’une entreprise, en tant qu’entrepreneur ou salarié, devient « son utilité sociétale », ainsi que le sens de la mission confiée.

La très grande majorité des jeunes entrepreneurs intègre ainsi une forte dimension sociale et sociétale à leur projet : attention forte portée à l’impact environnemental dans leur démarche, volonté de moins polluer, de consommer mieux, de recruter la diversité… Chacun porte à sa manière sa volonté de mettre du sens sociétal dans son action.

Les entrepreneurs de demain ont compris que la création de valeur à l’avenir serait liée à cette capacité à protéger notre environnement et à porter une mission sociétale.

 Avoir… ou être ? … Plus de sens encore

Nous faisons face à un véritable changement de paradigme, dans lequel les jeunes semblent privilégier l’être à l’avoir.

Il semble que les nouvelles générations aient bien compris que le modèle des années 60 était terminé et ne correspondait plus à un idéal de vie : crédit immobilier, maison, famille, emploi pour la vie…

Un métier d’aujourd’hui n’existera plus dans 5 ou 10 ans. Et avoir, accéder aux choses est plus facile, en un clic.

Le sens de la possession semble avoir moins d’intérêt : tout comme la valeur de la propriété d’un produit s’estompe au profit de la valeur d’usage (google versus Goldman Sachs !) et d’une nouvelle économie du partage, les jeunes entrepreneurs font passer de plus en plus : l’être avant l’avoir.

Comme le souligne ainsi Jean Staune (dans son magnifique ouvrage « les clés du futur »), on se définit de plus en plus « par ce que l’on est ou ce que l’on veut être et non plus par ce que l’on possède ou par son statut social ».

Ainsi, le rapport au monde change, ainsi que le rapport à la possession, et cette génération « qui a tout »… veut savoir « qui elle est » !

Entreprendre, c’est aussi une question de passion, de plaisir, de bonheur

La passion est un levier majeur aussi, pour tous les entrepreneurs, quelles que soient les générations.

La confiance en soi qui permet à l’entrepreneur de se lancer provient avant tout de la passion qu’il éprouve quand il démarre son aventure.

C’est cette passion qui permet d’exprimer son courage et son audace et d’oser ! La passion est le moteur de la réussite par excellence, pousse à l’audace, voire à l’inconscience !

Car en effet, ne faut-il pas faire preuve d’un peu d’inconscience, d’un certain « grain de folie » pour entreprendre ?

La frontière entre le courage, l’audace… et l’inconscience dans la prise de risque peut être mince… Les témoignages d’entrepreneurs confortent tous, au démarrage de leur aventure, leur méconnaissance des risques, une tendance évidente à sous-estimer les difficultés, pour privilégier l’enthousiasme et un optimisme forcené.

Passion, mais aussi enthousiasme, envie, plaisir… sont des moteurs forts de l’esprit entrepreneurial :

« les gens sont plus souriants dans l’entrepreneuriat » !

Chez les jeunes, le « fun » est prioritaire et vient conforter la confiance !

L’envie de se faire plaisir et de s’amuser est d’autant plus forte que les jeunes entrepreneurs partent du principe qu’ils « n’ont rien à perdre » : c’est une génération qui expérimente, qui ose, qui tente et teste, sans peur de l’échec.

Ça va même plus loin, car nombre d’entrepreneurs nous parlent du « bonheur d’entreprendre » : entreprendre ne rend pas forcément et systématiquement heureux, car le chemin est long et pavé d’embuches, mais la recherche du bonheur facilite le passage à l’acte.

Entreprendre et entreprendre sa vie…

En écoutant tous ces entrepreneurs parler avec tant de passion de leur aventure entrepreneuriale et des leviers de leur motivation, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec ma propre aventure en entreprise, une aventure « intrapreneuriale », empreinte de passion, d’engagement personnel et de sens.

Finalement, n’existe-t-il pas d’autres manières de concevoir l’esprit entrepreneurial ?

Un salarié engagé dans la construction d’un projet avec des moteurs identiques ne pourrait-il pas être considéré lui aussi, d’une certaine manière, comme un entrepreneur ?

Bien sûr, la prise de risque est différente, l’audace est certainement plus « encadrée », l’initiative peut-être incomplète parfois…

Mais n’est-ce pas l’état d’esprit qui fait la différence, et les entreprises de demain n’auront-elles pas besoin de salariés aussi engagés ? ces fameux « intrapreneurs » dont il est de plus en souvent question…

Je vous propose une définition personnelle élargie de l’entrepreneur :

« Un entrepreneur est une personne qui porte un projet avec engagement vers la réussite, quelqu’un qui agit et s’engage »…

Qu’en pensez-vous ?

Est-on tous à notre manière « Entrepreneurs de notre vie » ?

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